Le barrage de TignesEn Savoie, dans la Haute-Tarentaise, vivaient autrefois plusieurs centaines de personnes dans un village blotti au creux des montagnes. En cette journée de 1950, la plupart des villageois sont regroupés au centre du village, près de l'Eglise. La nouvelle vient de tomber : EDF va ériger en contrebas de leur village un barrage en béton de 160 mètres de haut, retenant ainsi le cours de l'Isère, et permettant l'alimentation d'une usine hydroélectrique. Il y a déjà quelques années que le gouvernement en parlait.
Depuis 1929 précisément, mais en ce moment là, il n'est pas question de noyer le village. Seulement voilà, la situation économique de l'Après Guerre implique des changements dans tous les projets. Pour subvenir aux besoins en énergie, la capacitédu réservoir de Tignes doit être supérieur à celle étudiée auparavant. La France a besoin d'électricité et ce projet doit être réalisé assez rapidement.
Les camions transportent les matériaux nécessaires, les ouvriers s'affairent, plusieurs tonnes de béton sont coulés, les maisons disparaissent. Seul le vieux pont ne sera pas détruit, il sera utile lors des vidanges décennales pour circuler jusqu'au barrage.
Le 19 mars 1954, les vannes du barrage sont fermées et le niveau de l'eau augmente d'heure en heure.
Le 24 avril suivant, quelques 500 CRS doivent déloger par la force les derniers récalcitrants. La plupart des maisons est détruite.
Comme pour le Sautet, en Isère, aucune mesure de relogement n'est prévu. Les Tignards doivent s'exiler. Beaucoup ne reviendront jamais sur les lieux.
Grâce à l'essor des sports d'hiver, une station est construite sur les hauteurs et prend le nom de Tignes. Mais l'âme du village n'est déjà plus. Tignes-le-lac est devenue l'une des stations les plus réputées des Alpes.
Lors de la dernière vidange décennale, en Avril 2000, beaucoup de personnes ont pu voir le barrage en entier mais aussi les restes de l'ancien village, recouvert de vase et de terre. Masse informe, c'est en comparant avec d'anciennes photos du village que chacun peut "voir" les maisons. Les ruines semblaient se reconstruire virtuellement.
Des réceptions et émissions télévisées ont eu lieu sur le site. Pour quelques semaines, le village a vécu une nouvelle vie, avant de "repartir" sous les eaux de l'Isère.
La photographie ci-contre n'est pas en noir et blanc ! La terre, la vase et l'eau sont grises. Celle-ci montre les restes à peine perceptibles du vieux village au bord du torrent qui a provisoirement repris place dans son lit. (elle est prise sensiblement du même endroit que la photo du haut de cette page)
Hercule soutenant le barrage est une réalisation de J-P Pierret dans les années 80, histoire de donner à cet édifice un semblant de vie.
D'après les spécialistes, il est fort probable que ce soit la dernière vidange. En effet grâce aux nouvelles technologies, ce sont des mini sous-marins qui devraient effectuer le travail la prochaine fois sans avoir à vider le lac.
Pour les données techniques, cliquez sur le gyrophare :
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