Le barrage de Roselend
Dans la superbe région du Beaufortain, à 40 kms d'Albertville (Savoie), se dresse une muraille de béton de 150 mètres de haut sur 800 de large. La retenue du Doron ("torrent" en patois savoyard), forme l'immense et majestueux lac de Roselend. Celui-ci tient son nom du village qui, jusqu'aux années 50 vivait paisiblement au pied des montagnes.
Au début des années 30, la France a besoin d'énergie électrique. Après quelques recherches menées dans la région Rhône-Alpes, le site des gorges du Doron est retenue pour la construction d'un petit barrage. Il n'est alors pas question de noyer la vallée, mais simplement d'effectuer une retenue de 200.000 m3 pour subvenir aux besoins du moment.
Mais après la Seconde Guerre mondiale, ces mêmes besoins sont devenus colossaux. Le petit barrage ne suffit plus et rentre dans la composition d'un vaste projet : réaliser un barrage de 150 mètres de haut, inondant de ce fait toute la vallée jusqu'à la côte 1560, offrant une réserve d'eau de 187 millions de m3, soit près de 1000 fois plus que le précédent.Malgré les protestations des habitants, les travaux commencèrent en 1954.
460 ouvriers se relayèrent jour et nuit pour la construction de l'édifice. Les camions firent des va-et-vient incessant sur l'étroite route menant de Beaufort à Roselend. Des ouvriers arrivèrent de tous pays pour avoir du travail. Les conditions de travail étaient plutôt misérables, mais, en 1959, le barrage et l'usine hydroélectriques étaient enfin terminés.
Les habitants ont dû, bien sûr, vendre leurs terres et leurs maisons et s'en aller. Beaucoup ne revinrent pas. Ceux qui sont restés ont toujours un pincement au coeur: à la fin des années 50, leur village avait été volontairement et définitivement noyé. Pour les fermiers, le lac a enlevé une bonne partie de leurs pâturages et les vaches restent donc plus longtemps à l'étable, à la fin de l'hiver. Les prés que les troupeaux broutaient autrefois au mois de mai, sont noyés, et la neige n'est pas entièrement fondue sur le reste des pâtures.
Le lac a changé l'économie de la région, le paysage aussi, évidement, mais s'il n'avait pas été là, c'est autre chose qui aurait permis l'évolution de la région de Roselend : "peut-être une station de ski, avec sans doute moins de dommages"(lu dans Alpes Magazine 09/1999).
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